FRANCESCO & THE BLACK SWANS – La Vie En Rose
France, 2024, digipack (59:11)
“(…) De sa superbe pochette mêlant fantasmagories gothiques à la Tim Burton et univers steampunk à son titre La Vie En Rose, ô combien provocateur, Francesco Buono, professeur de guitare au conservatoire de Beaucaire dans le Gard et seul maître à penser du collectif, nous amène, à nous questionner sur notre propre condition humaine s’ankylosant au sein d’une société aux espoirs malades. Armé de sa plume et de sa guitare, le multi-instrumentiste expose simplement les faits sans jugement aucun et pose un regard désabusé justement traduit en musique. Accompagné du bassiste Indria Saray (Alcest) qui s’est également chargé du mixage de l’opus, du batteur Eric Lebailly (Adagio, Stuart Hamm) et du claviériste Harry Waters (le fils de qui vous savez ), musiciens aux inspirations diverses, il tisse un univers unique hautement philosophique et sensoriel à travers un rock alternatif et progressif fortement ancré dans les années 70, ravivant les grandes heures de Pink Floyd, son spectre imprégnant chaque note jouée, chaque respiration, chaque ligne de chant au sein d’un ambitieux album concept.
La Vie En Rose s’entend effectivement comme une production aux onze titres indissociables les uns des autres. Onze histoires liées ensemble par une chronologie précise, débouchant sur une fin souhaitée ou non par l’auditeur, chacun vivant sa propre aventure intérieure en fonction des sujets abordés par un narrateur omniscient. Amener un tel niveau de réflexion pour un premier disque atteste des hautes aspirations artistiques de Francesco & The Black Swans et conditionne l’intérêt certain de l’auditoire.
Ouvrant La Vie En Rose sur un tempo lent et grave, “Set The Children Free” dénonce les droits bafoués des enfants, premières victimes des conflits armés. La mélodie est simple, le chant de Francesco Buono est plus posé que scandé, versant clairement du côté de Roger Waters et le solo sublime en final s’inspire ouvertement de David Gilmour. Du Pink Floyd plus vrai que nature, tellement maîtrisé que la référence ici n’est nullement encombrante. (…)
L’esprit de Pink Floyd continue de planer sur le reste des titres. Sur “Something Inside Of Me”, l’association entre la guitare et le solo d’orgue interprété par Harry Waters offre un véritable orgasme auditif aux oreilles les plus exigeantes, tout comme “Time”, s’inspirant ouvertement de l’atmosphère pernicieuse d’Animals. Une réussite à mettre encore au crédit de Francesco And The Black Swans.
Malgré cette succession de saynètes viscéralement amères, l’album se conclut avec les mots ‘je t’aime’, ode à la vie et à un sursaut fantasmé d’une humanité qui s’égare. Un titre moins provocateur qu’il n’y paraît finalement, traduisant plutôt une idée d’absolu à atteindre.
Tragique, gracieuse et magnétique dans sa désespérance, la musique de La Vie En Rose amène le groupe au pinacle des nouveaux espoirs de la scène progressive française, voire même au delà. Avec une première oeuvre de ce calibre, Francesco Buono trahit un talent insoupçonnable difficile à concevoir aux prémices d’une carrière discographique. Marcher dans les pas de ses aînés n’est jamais un exercice facile, le groupe démontre clairement des dispositions certaines dans sa posture et dans sa proposition artistique pour reprendre le flambeau avec mérite. Malgré son jeune âge, La Vie En Rose se révèle être tout simplement un disque indispensable à tout amateur de rock progressif éclairé qui se respecte.
Extraits de la chronique de Stéphane Aguiléra publiée dans le numéro 126 de Big Bang Magazine (Août 2024)
1. Set The Children Free (4:51)
2. Political Diseases (4:48)
3. Lost (5:17)
4. Everything Is Nothing (4:56)
5. Mother (5:33)
6. La Vie En Rose (5:26)
7. You Have To Hold On (4:52)
8. Something Inside Of Me (6:03)
9. Legends (5:36)
10. Time (8:54)
11. Requiem, Mon Amour (3:21)